Carton d invitation au vernissage de l exposition 18 Novembre 1960

 

La Galerie Malaval  LYON 1960

 

 

Les Suvres de JEAN L0MBARD ont ceci de particulier et de rare, c'est que leur irréalisme est nourri de sensations concrètes, c'est encore que, pour moderne que soit leur facture, elles s'insèrent tout naturellement dans la tradition d'ordre ou de clarté propre à l'art français. Aussi, le spectateur les accueille-t-il avec une familiarité et une amitié qu'il refuserait à des Suvres pourtant moins audacieuses.

 

On ne saurait discerner dans les siennes de façon explicite une colline, une pinède, un rocher, le ciel ou la terre de Provence. Néanmoins, on a la conviction immédiate qu'elles sont inspirées par la Provence avec son soleil, son atmosphère, son mistral, sa végétation.

 

Ses tableaux n'offrent superficiellement que des touches et des taches de couleurs. Et puis, si peu que le regard s'y attache.

 

Ces taches et ces touches s'organisent, se distribuent avec logique, engendrent des formes, un espace, une lumière. Que le rythme se fragmente ou se divise, qu'il soit déterminé au contraire par des masses mouvantes ou d'amples écheveaux, on perçoit au-dessous une discipline, une volonté de composition, une armature robuste, une entente parfaite des rapports de lignes et de tons.

 

La peinture de LOMBARD n'est certes point la transcription de schémas conceptuels. Elle n'est pas pour autant livrée aux hasards de l'Instinct et au caprice de l'effusion. Son Suvre, dont la santé, la chaleur, l'élégante cambrure nous paraissent si naturelles ou si spontanées, résulte de longues années d'effort, d'expérience et de réflexion. C'est pourquoi elle s'impose en elle-même et par elle-même. Elle ne trompe pas : c'est celle d'un peintre exigeant, qui a su trouver dans la peinture sa récompense et sa vérité.

 

FRANK ELGAR. (Carrefour 1958)